vendredi 28 mars 2014

Japon 2014 - Journée campagne et montagne

Jour 4 :

   Bien calé dans un canapé vert, je savoure la douceur du soir. C'est le premier soir où j'ai vraiment l'impression de vivre une aventure du fait de dormir le long d'une rivière qui coule entre deux montagnes. 
   La journée a bien commencé. Au réveil, je constate que j'ai une ampoule qui s'est crée contre la 1ère ampoule du pied droit. L'ensemble forme une telle masse que le Compeed s'est soulevé et que je ne peux pas mettre la chaussure. Tel un Rambo des bacs à sable, je perce la double boule avec les ongles (j'ai rien de coupant/pointu avec moi). J'attaque ensuite celle du pied gauche mais la peau est bien trop épaisse pour y arriver.
Pied droite avec double ampoule
Pied gauche
    Une fois le package fait, je reprends le pèlerinage à 7h30 en suivant la nationale 55 déjà prise dans les embouteillages et sous une température qui commence sérieusement à me brûler la peau. Très vite, j'arrive à un 7-Eleven pour faire le ravitaillement. J'en profite pour boire un Fanta melon en pensant à ma copine qui adore boire les canettes exotiques que l'on trouve au Japon.
Nationale 55 à 7h30
   Moins de 2km plus tard, j'arrive au Onzan-ji (temple 18) qui dispose de toilettes turques à 9h. J'avais vu les bus de pèlerins au temple 12, les pèlerins en voitures privées et les "marcheurs du dimanche" à Tokushima. Maintenant, je vois les taxi-pèlerins. Des personnes (seules ou à deux) qui louent un taxi à la demi-journée (voir plus) pour faire les temples 18 à 23 depuis Tokushima. J'imagine mal la même chose en France vu le coût prohibitif des taxis dans l'hexagone.
Temple 18
   A la sortie du temple, le chemin traverse une petite forêt de bambou bien sympathique où un gentil Japonais a mis à disposition des clémentines en osettai (à ne pas confondre avec les poches de fruit en vente le long des routes). Autant l'orange du osettai du premier jour n'était pas très bonne, autant la clémentine est un régal.
Vieux cimetière au Onsanji
   A 10h10, je vois un refuge pour pèlerins tout neuf juste avant le temple 19 qui n'est pas dans le guide-map. J'en profite pour faire sécher la tente et m'aérer les pieds. Durant la pause, deux femmes dans la cinquantaine s'arrêtent au refuge en sortant de la nourriture de leur voiture. Elles semblent attendre une connaissance qui doit faire un bout du pèlerinage. L'une d'elle me donne un osettai (un porte-mouchoir en forme de mini kimono). Arigato gosaimasu obasan (merci beaucoup grand-mère). C'est pas tout ça, mais j'ai encore pas mal de route pour aujourd'hui.  A 11h20, je quitte le temple 19 (Tatsueji) en ayant faim. La providence ou Kūkai, allez savoir, m'envoie sur son vélo une vielle dame tenant un osettai : une poche de banane. Le bonheur tient dans peu de chose parfois.

   J'ai plus de 13km pour atteindre le temple 20 et une bonne partie sous un soleil de plomb. Le fait de marcher avec des bâtons de marche expose à longueur de journée mes bras à la puissance d'Amaterasu. Je dois vite trouver de la crème solaire, mes tentacules commencent déjà à me brûler. Le dieu Lawson de la ville de Katsuura me permet d'en acheter une ainsi qu'une brosse à cheveux pliable (j'en avais bien besoin) pour remplacer mon peigne inutilisable et mon repas du midi et du soir.

=> futurs pèlerins qui me lisez, ne faites pas comme moi, ayez de la crème dès le début de votre voyage.

   Bien bu et bien mangé, c'est le moment de grimper. Revoilà un Henro-korogashi avec pour débuter une montée de 450 mètres de dénivelé positif mais vraiment positif. C'est raide, très raide. A un moment, c'est tellement raide qu'il y a un escalier en béton c'est dire. Durant l'ascension, il y a un refuge avec une cabine-toilettes, parfait pour dormir, par contre, faut sacrément avoir envie de faire caca pour rentrer dans les toilettes, âme sensible s'abstenir. C'est le souffle court que je passe la porte du temple 20 (Kakurinji) à 15h50. 
Rivière Naka
   Il faut que je me rende à l'évidence, jamais je n'arriverai à un refuge après le temple 21 avant la nuit avec mes ampoules aux pieds sachant les descentes qu'il me reste à faire. Sur le guide-map, il y a deux refuges dans la vallée à 2,5km (et 450m de dénivelé négatif) qui me sauveront surement la nuit. Le 1er est près d'un petit temple mais rien ne semble s'ouvrir, par contre, il y a un robinet d'eau. Sur le chemin, je dois passer par une école primaire fermée (définitivement) avec les toilettes à disposition des pèlerins. C'est l'occasion ou jamais de prendre des photos des bâtiments tant vus dans les animes/mangas ^^.
École abandonnée
    Avant l'école, un panneau avec un plan donne la situation des toilettes mais aussi un refuge privé. Serait-ce ça le refuge de mon guide-map ? Arrivé devant la maison, aucun doute. Par la porte-fenêtre, je peux voir une grande pièce recouverte de tatamis avec les murs tapissés par des centaines d'osame-fuda (papiers que les pèlerins donnent aux personnes croisées après avoir écrit leur nom et adresse au dos). Une feuille avec un plan indique la maison où demander la clef (c'est la maison juste en face) est collée à la porte.
   Heureux de pouvoir dormir dans un beau refuge, je sonne chez le propriétaire. Une voix d'homme se fait entendre et me demande qui est là. Je réponds "HENRO". La voix du vieil homme devient joyeuse (il ne doit pas avoir beaucoup de visite dans ce bled perdu), je me vois déjà invité à manger, c'est dire. Que nenni. Une fois la porte ouverte et dès qu'il voit que je suis un gaijin (étranger), son visage change rapidement. Je lui dis que je viens pour le refuge avec des signes sans équivoque. La réponse fût claire et rapide : NON (avec les bras en croix). Je redemande au cas où il n'aurait pas compris en changeant de geste. C'est toujours NON.
   Ok, j'ai compris. Jusqu'ici, j'ai toujours eu de bon contacts avec les locaux, cela m'a fait oublier que comme en France, une certaine frange de la population est xénophobe surtout chez les anciens ayant gardé une rancœur contre les Américains. Pas grave, je vais bien me démerder même si je ne sais pas comment.
   La solution sera vite trouvée car le refuge sur ma carte n'est pas celui du vieux mais celui sur la "place" du village. Un confortable canapé vert me fera un bon lit. Petit perçage de l'ampoule du pied gauche et dodo.
Refuge près de la rivière. Le refuge privé, c'est la maison en bois à droite du poteau en brique.

Kilomètres journée : 23,32
Kilomètres total : 123,02

  

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